jeudi, 20 septembre 2007
Affaire Kieffer — la sœur de Tony Oulaï s’exprime
« La grande sœur de Tony Oulaï : "Kieffer est bel et bien vivant" »
Fraternité Matin — jeudi 20 septembre 2007 — http://news.abidjan.net/article/?n=265946
par Phil Nomel :
« La disparition du journaliste franco-canadien constitue un casse-tête chinois. Pendant que les uns le disent assassiné, les autres pensent le contraire. Le journaliste Guy-André Kieffer est-il encore vivant ou a-t-il été assassiné sous l’ordre du jeune capitaine d’aviation Jean-Tony Oulaï? Cette question, mille fois répondues et mille fois mises en doute, a été remise à plat par une parente de l’accusé. Madame Wayoro est la grande sœur du capitaine Oulaï. Elle vit depuis des années aux Etats-Unis. Nous l’avons jointe pour en savoir plus sur son frère.
“Ecoutez, cette affaire de Guy-André Kieffer, c’est un montage grossier (...) pour atteindre et casser le couple présidentiel ivoirien. Sinon, ces accusations portées contre Tony (le capitaine Jean-Tony Oulaï) ne sont pas fondées. D’ailleurs, regardez vous-même. On accuse quelqu’un du meurtre d’un citoyen français et c’est dans ce pays que le meurtrier vit depuis des mois, libre de tout mouvement. Soyons sérieux.” Celle qui s’exprime ainsi n’est autre que Mme Léoncine Wayoro, la grande sœur du capitaine d’aviation Jean-Tony Oulaï, actuellement en exil en France et qui fut nommément cité dans l’assassinat du journaliste franco-canadien Guy-André Kieffer. Le 23 août dernier, la chaine publique française, TF3, dans un document diffusé, a présenté Berthé Seydou comme étant un témoin oculaire dans l’assassinat du journaliste franco-canadien. Ce dernier se présentant comme le chauffeur du capitaine Oulaï a indiqué, avec force détails, les derniers moments du journaliste. Au dire de M. Berthé, le capitaine Oulaï aurait donné l’ordre de mitrailler le journaliste après quelques jours d’incarcération dans plusieurs habitations d’Abidjan dont la Présidence ivoirienne. Disparu depuis le 16 avril 2004 d’Abidjan, Guy-André Kieffer était un journaliste indépendant qui écrivait dans plusieurs journaux français. Au moment de sa disparition, il mènerait des investigations sur la gestion de la filière café-cacao en Côte d’Ivoire. Cette disparition a exacerbé les relations ivoiro-françaises déjà assez… hérissées depuis les fusillades de l’armée française le 6 novembre 2004. Mais pour Mme Wayoro, cette débauche d’énergie de la diplomatie française ne répond qu’à un seul et unique objectif, celui de nuire à un homme, le Président Gbagbo. “Quand on lit leurs commentaires et autres analyses, il est montré que M. Légré serait le dernier à avoir vu M. Kieffer. Mais pour la presse française, M. Légré n’a plus d’identité à lui, il faut inclure forcément et insidieusement Mme Simone Gbagbo qui est l’épouse du Président de la République. Dans tous leurs documents télévisés, quand les journalistes français parlent de cette affaire, ils ne font que montrer la photo de Mme Gbagbo, alors qu’ils parlent de Michel Légré”, indique-t-elle. Avant d’ajouter: “Allez-y comprendre quelque chose?”
Répondant aux accusations de M. Berthé, Mme Wayoro affirme que “cette affaire n’est pas un scoop comme la presse française a voulu le faire croire”. “C’est d’ailleurs sur la base de cette information que mon frère a été arrêté à Paris sur ordre du juge d’instruction Patrick Ramaël. Mais vous savez que Tony a été libéré. C’est qu’après enquête et autres vérifications, aucune preuve fiable n’a été trouvée aux propos mensongers du sieur Berthé. La preuve en est que mon jeune frère vit en France, se déplace sans être inquiété”, soutient-elle. De Tony Oulaï, elle rejette l’idée que son frère soit un assassin. “Mon frère n’est pas un meurtrier”. Se référant au livre de la Première dame, “Paroles d’honneur”, Mme Wayoro observe que “quand vous lisez ce livre au chapitre ayant trait à cette affaire Kieffer, Mme Gbagbo ne fait même pas mention de Tony Oulaï. Cela veut dire qu’elle n’avait même pas un soupçon quant à l’implication de Tony dans cette affaire.”Pour elle, la France gagne à ce que cette affaire perdure pour nuire au mieux à l’image du couple présidentiel. “La France sait la vérité dans cette affaire. Elle sait que Guy-André n’est pas mort mais qu’il a été extrait de la Côte d’Ivoire via le Nigeria pour la Suisse. Il n’est donc pas mort, selon nos enquêtes personnelles. Il vit soit au Nigeria, soit à Genève. Mais la vérité finira par se dévoiler”. Oui, comme le disait l’économiste Erik Orsenna, “les seules vérités qui vaillent sont des vérités lentes.” »
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mercredi, 12 septembre 2007
Mamadou Koulibaly: "Gbagbo vient avec l'indépendance économique"
HIER FACE AUX MILITANTS DU PDCI A ABOISSO
Mamadou Koulibaly: "Gbagbo vient avec l'indépendance économique"
Le Matin d’Abidjan — Lundi 10 Septembre 2007 —
http://www.lematindabidjan.com/visual_article.php?num_actualite=8639
Propos recueillis par S.O
Le Pr. Mamadou Koulibaly poursuit son œuvre de recrutement de militants dans les partis adversaires, pour le compte du FPI. Invité samedi par des démissionnaires du PDCI, il a apprécié la justesse du départ massif du plus vieux parti ivoirien. Le combat de l'Ivoirien, a-t-il sensibilisé, est d'œuvrer à l'indépendance économique du pays.
Aujourd'hui, tous ceux qui ont pris la parole ont dit : " nous, on est PDCI, nous sommes nés PDCI, nos parents sont nés PDCI, nos arrières parents sont nés PDCI. Mais aujourd'hui, après avoir compris, nous avons décidé de rejoindre la République, de rejoindre le FPI, de rejoindre le combat du président Gbagbo. " C'est une très grande journée pour Aboisso. Dans l'esprit de beaucoup de gens, Aboisso, c'est PDCI, un point, un trait. Un vieux m'a dit : "Ici à Aboisso, on naît PDCI et on meurt PDCI". Mais le soleil a changé. Vous qui êtes venus, je vous encourage, allez retransmettre le message à tous ceux qui n'ont pas fait le déplacement. Quand on dit : " hier, j'étais PDCI. Aujourd'hui, j'ai compris, je deviens FPI ", ce n'est pas une injure. Il y en a qui disent qu'ils sont houphouétistes, qu'ils sont néo-houphouétistes, mais ils font comme si le travail fait par Houphouët et celui qui se fait actuellement sont totalement différents. Ils font comme si ce sont deux présidents de deux pays différents. Houphouët a gouverné ce pays, il est mort. Gbagbo est venu, il gouverne un autre pays. Alors que c'est le même, c'est la même Côte d'Ivoire… Houphouët était le premier président de la Côte d'Ivoire. Il a fait ce qu'il pouvait. Il a été député en France, il a été ministre en France au moins quatre fois. Il a été ministre d'Etat en France. Il a siégé dans le gouvernement français à côté de De Gaulle. Il a été maire d'Abidjan. Il a été Premier ministre de Côte d'Ivoire avant d'être président de la République. C'est lui qui, à l'Assemblée nationale française, a fait un discours pour dire aux Français. " Moi, je suis de Côte d'Ivoire, ce que vous faites en Côte d'Ivoire dans cette période coloniale est inacceptable et inhumain. Le travail forcé, c'est de l'esclavage. Je ne peux pas accepter cela. La force que vous imposez à mon peuple est insupportable, je ne peux pas accepter cela ". Houphouët l'a dit, les Français l'ont combattu et puis ils ont fini par comprendre que ça ne pouvait plus continuer. Ils lui ont donné l'indépendance. Ils ont arrêté le travail forcé. L'indépendance qu'ils ont donnée à Houphouët, ils lui ont dit : " On va te donner le pays, tu vas le gérer, mais il faut savoir que la gestion que tu vas faire, c'est pour nous Français que tu vas le faire. Ce n'est pas le peuple de Côte d'Ivoire qui te nomme président, mais c'est moi De Gaulle qui décide que tu vas gouverner la Côte d'Ivoire. Le travail que tu vas faire, c'est ce que moi je vais te dire de faire. L'argent que tu as dans ton pays, c'est pour moi d'abord. Ce que je veux, je te rends ça après. S'il y a de l'or, du diamant, du pétrole, s'il y a des matières premières. C'est pour nous les Français d'abord. Pour ça, nous allons envoyer des militaires à Abidjan. Ils vont s'asseoir au 43e BIMA à Port-Bouët, pour surveiller ce que tu fais et tu dois le faire bien. Si tu dérailles, on va te rappeler à l'ordre. Si tu es droit, si tu travailles pour nous, on va te garder longtemps ". Ce que je suis en train de dire, c'est un papier qu'Houphouët a signé. Mais le jour où il signait, il n'avait pas le choix. Le travail forcé, nos parents portaient les cailloux, ils tiraient le bois et il y avait d'autres parents qui chicotaient ceux qui portaient les bagages. Vous rendez-vous compte ! Moi je porte le bagage et puis Aman Kadjo, est derrière moi, il me tape, et le Blanc nous regarde. Un frère frappe un autre frère et lui, il est content. Il fait comme le comédien. Il va voir Aman Kadjo, il dit : " Mamadou, c'est un faux type. C'est un esclave, toi tu es un noble. Toi tu es un roi, il faut le commander ". Et puis il vient me voir, il dit : " Aman Kadjo, c'est un faux chef, il faut que tu comptes sur moi et puis on va voir comment s'arranger ". Aman Kadjo et moi, on fait des palabres tous les jours et lui il prend l'or, le diamant, le pétrole. Il prend tout, il s'en va chez lui, il construit son pays et puis nous, on est dans la pauvreté ici. Houphouët a obtenu, pour les Ivoiriens, cette indépendance. Mais on ne lui a pas tout donné. Quand il vivait, vous qui étiez du PDCI, vous le savez, il disait : " Un jour, une nouvelle génération d'Ivoiriens naîtra qui va reprendre ce combat jusque-là où moi je n'ai pas pu arriver. Je me suis contenté de l'indépendance, mais je sais très bien que l'indépendance qu'on m'a donnée n'est pas une bonne indépendance. Il faut que je forme des gens, que je construise des écoles, que les gens aillent à l'école, ainsi, un jour, ils pourront parler d'égal à égal avec vous les Français. Je ne serai peut-être plus vivant, mais je suis convaincu que la formation de la jeunesse, c'est déjà une première solution pour obtenir plus tard, l'indépendance économique. Moi j'obtiens pour vous l'indépendance politique. J'ai signé les accords, les accords coloniaux, mais je sais que ce n'est pas tout ".
L'idéal d'Houphouët foulé aux pieds
Voilà ce que Houphouët nous a dit. Ceux qui ne connaissent pas et qui crient partout qu'ils sont Houphouétistes ne retiennent pas ça d'Houphouët. Ce qu'ils retiennent, c'est le parti unique. Houphouët est président, il n'y a pas d'autres candidats. Houphouët est président, il nomme des gens partout. Houphouët est président, il construit son village. Houphouët est président, il laisse les gens s'amuser. Ça, ce n'est pas le bon côté qu'Houphouët voulait qu'on retienne de lui. Etre houphouetiste, ce n'est pas dire : "Au temps d'Houphouët, on faisait ceci, aujourd'hui, on ne peut plus faire ça". Non ! les vrais houphouétistes doivent comprendre quel était le discours profond d'Houphouët. La mission qu'il leur a confiée, c'est d'arracher, dès que cela sera possible, l'indépendance économique de la Côte d'Ivoire. Ce n'est pas de se coucher sur l'héritage que lui Houphouët a laissé. Il a travaillé, il a laissé son héritage. Il vous dit : "Travaillez, prenez de la peine, c'est le fonds qui manque le moins ". Ça veut dire qu'il y a l'argent dans le pays. Ce n'est pas l'argent qui manque. C'est le travail et l'intelligence qu'il nous faut. " Moi j'ai pu signer le papier. On ne nous chicotte plus. On nous paie même souvent. On ne prend plus le café, le cacao et le bois pour partir. On nous donne un peu d'argent. C'est ce que j'ai pu faire. C'est l'indépendance politique. Mais ce n'est pas tout. Les houphouétistes s'arrêtent, ils disent : " Houphouët a tout fait, donc nous on est bien. On va s'asseoir, les Français n'ont qu'à faire ". Gbagbo Laurent dit non, ce n'est pas ce qu'on doit retenir d'Houphouët. Gbagbo dit : " Houphouët a obtenu l'indépendance politique, moi il me faut arracher l'indépendance économique ". Gbagbo vient donc avec l'indépendance économique, il vient avec la liberté. Les houphouétistes peuvent-ils nous dire ce qu'ils apportent par rapport à l'héritage d'Houphouët ? Ce n'est pas suffisant de dire : " Je suis houphouétiste… ". C'est de dire : " ce que Houphouët a fait-là nous, on ajoute ceci ou cela". Alors, moi je suis d'accord avec vous. Vous quittez le PDCI, c'est bien. A partir de maintenant, allez partout dire que quitter le PDCI, ce n'est pas trahir Houphouët.
Suivre Gbagbo pour l'indépendance économique
Houphouët a fait une part. Gbagbo est venu. Ce qu'il ajoute à ce qu'a fait Houphouët, c'est ce qui est bon pour nous. Nous allons le suivre pour obtenir la liberté économique. Nous tous en Côte d'Ivoire, nous sommes quelque part les héritiers d'Houphouët. Il y a ceux qui disent : " il a construit une maison, il a une plantation, il a un compte en banque, nous on va s'asseoir, on va bouffer ça. " Et il y a nous, qui disons qu'il a construit une maison, il a fait une plantation mais tout ça, c'était pour les Français, nous allons leur dire que c'est pour nous, qu'ils laissent, nous allons gérer nous-mêmes. Si nous nous trompons, ou si nous réussissons, ce n'est pas un problème. Mais ils n'ont pas besoin de nous obliger. Si Houphouët vivait encore, il allait encourager Gbagbo à prendre le papier qu'il a signé en 1959 et le déchirer. Parce que le jour où il le signait, il n'avait pas le choix. Nous, aujourd'hui, nous avons le choix. C'est pour ça votre décision est bien (…) Ce que vous avez fait est bien. Massaraba, allez dire aux gens de quitter le PDCI. Un parti politique qui ne vit que sur l'héritage statique de son fondateur est un parti qui va à la perte. Un parti politique qui n'attend que de partager le gâteau que le Père fondateur a laissé est un parti qui éclate. Depuis que Houphouët est mort, Fologo a pris une partie, il est parti. Danièle Boni Claverie, Djibo Aya Martine, tous s'en vont. Pourquoi ? Parce que ceux qui sont au PDCI ont dit : " Houphouët a tout fait, le travail est fini, on va dormir et manger ". Houphouët travaillait. On peut dire qu'il n'a pas obtenu la liberté pour les Ivoiriens. Mais il a quand même obtenu l'indépendance. On ne va pas se contenter de cette indépendance et dormir. Nous avons besoin de liberté. Nous avons besoin de liberté économique. Notre terre doit être à nous. S'il y a du fer, c'est pour nous, s'il y a du pétrole, c'est pour nous, l'eau, c'est pour nous, l'aéroport, le port, la SIR, c'est pour nous et on en fait ce qu'on veut. On n'a pas besoin d'avoir un fusil sous la tempe pour céder à qui que ce soit parce qu'il est fort. Ça c'était avant. Et je pense que si Houphouët était vivant, il aurait eu très honte de ses héritiers. Eux, ils n'ont pas compris son message. Gbagbo et les refondateurs ont compris son message. Voilà ce que je voulais vous dire à vous du PDCI qui êtes venus au FPI. Il ne faut pas perdre confiance. Nous les refondateurs, nous apportons un plus à l'héritage d'Houphouët. Eux, ils prennent l'héritage d'Houphouët pour gaspiller. Qui est mieux que qui ? Je leur laisse la réponse à cette question (…)
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jeudi, 06 septembre 2007
Après le témoignage de Berthé Seydou - Le frère de Guy André kieffer rejoint Raymond Tchimou
Le Courrier d'Abidjan — No: 1103 du Mercredi 5 Septembre 2007 —
http://www.lecourrierdabidjan.info/a_la_une.asp?id=15818
(Voir aussi, sur Seydou : http://delugio.zeblog.com/2007/09/4
et article ci-dessous * )
par Pierre Aimé Koffi :
« “Le témoignage de Berthé Seydou n’est pas nouveau. En ce sens qu’il m’avait déjà contacté, il y a de cela 18 mois à peu près, après que j’ai lancé un appel à témoin dans la presse ivoirienne. Et à l’occasion, il m’avait dit l’essentiel de ce qu’il a affirmé récemment devant les caméras de France 3. J’ai communiqué en son temps ces éléments au juge et aux enquêteurs français», a déclaré hier, mardi 4 septembre, sur les ondes de la Radio France internationale (RFI), Bernard Kieffer, frère du journaliste canadien disparu en Côte d’Ivoire depuis avril 2004, avant d’ajouter : «effectivement, dans tout ce que Berthé Seydou m’avait dit en direct puis devant les enquêteurs français l’année dernière, il était question d’informations qui lui avaient été rapportées par les membres du commando. Qui ont enlevé puis probablement exécuté mon frère. Cette année, Berthé Seydou dit maintenant qu’il a constaté un certain nombre de choses en direct. Il dit : nous avons fait ceci, nous avons fait cela (…)».
L’on se souvient que Raymond Tchimou, procureur de la République avait convié la presse, le samedi 25 août dernier, au parquet pour démontrer que le témoignage de Berthé Seydou ne fait pas avancer l’enquête. Selon le magistrat, tout ce que le témoin «oculaire» a dit a été déjà exploité. «Dans le cas de cette procédure, tous les lieux et sites dont il a fait mention dans le reportage ont été, en son temps, perquisitionnés par les juges français et ivoiriens en charge de ce dossier», (in courrier 1095), a souligné Raymond Tchimou. Pour le procureur, «ce genre d’individu profite de la crainte des parents pour les escroquer et s’enrichir. C’est donc une aubaine pour Berthé Seydou d’empocher de l’argent car la famille du disparu a promis des récompenses à qui aiderait à trouver leur époux, père et frère». Comme on le voit, l’affaire «Guy André Kieffer» ouvre toujours une nouvelle lucarne en ce qui concerne la version des faits. »
*
* Affaire Kieffer – le «scoop» de France 3, son «témoin» et l’oxymore
(Delugio 05/09/2007)
Des nouvelles du fameux « témoin » du scoop de France 3, qui aurait vu Kieffer se faire assassiner sous ses yeux.
Dans le journal ivoirien Notre Voie, Didier Depry a enquêté sur Berté Seydou (c’est le nom du « témoin » présenté par la chaîne française).
Et voilà, nous apprend-il, que Seydou est militant du RDR, qu’il a dans sa famille des cadres du RDR : son frère est vice-président RDR d’un conseil général, il est proche du ministre RDR de l’Agriculture, ami de Ouattara, qui lançait… près de Paris sa campagne électorale pour la présidentielle… ivoirienne au moment du « scoop » de France 3, qui accompagnait la réception par Sarkozy, ami de Ouattara, de la famille de G.-A. Kieffer.
Seydou se trouve en outre être réfugié en France, arrivé au motif des fameux « escadrons de la mort » restés célèbres depuis leur promulgation par Le Monde, qui depuis a été condamné par la justice française à payer dommages et intérêt au couple Gabgbo pour diffamation concernant lesdits « escadrons de la mort ».
Seydou, nous dit Didier Depry, est réfugié en France depuis lors, mais sans moyens et sans papiers. C’est sur ces entrefaites qu’il est amené à témoigner, et à corriger son témoignage devant France 3 (voir aussi la dernière déclaration de Bernard Kieffer sur cette 'évolution' de Seydou) : il devient témoin visuel du « meurtre » en tant que « chauffeur » de Tony Oulaï qui aurait exécuté Kieffer pour le compte de « proches de Gbagbo » (Tony Oulaï en France lui aussi, vient de porter plainte pour diffamation). Voilà donc un militant du RDR, opposant déterminé à Gbagbo, participant à un commando qui conduit sa victime « dans les sous-sols de la présidence » !
Rappelons que le RDR, le parti de Ouattara, est une des deux branches issues de l’ancien parti unique au pouvoir pendant quarante ans, qui se sont alliées l’an dernier lors d’un pacte anti-Gbagbo scellé à Paris (le RHDP). Branche de l’ancien parti unique qui n’a jamais admis l’alternance, et qui, à l’appui des principaux médias français, attaque régulièrement le pouvoir (élu) de Gbagbo et du FPI.
Ouattara est en outre le Premier ministre de Houphouët, qui à la demande du FMI et Paris, a opéré la privation de l’économie ivoirienne, rachetée sous sa primature par des groupes français, dont les groupes de son ami Bouygues, ami de Sarkozy par ailleurs, et de Bolloré.
Privation comportant, et c’est ici que j’en viens à l’oxymore, la cession des télécommunications ivoiriennes à… France Télécom, groupe nationalisé français comme l’ont sait.
J’ai donc fait allusion au blog de Corinne Maier et à sa note : « Le capitalisme français, un oxymore ? » : « les deux mamelles du capitalisme français, c’est nationalisme + étatisme, écrit-elle. D’ailleurs, « capitalisme français », ne serait-ce pas un oxymore, cette formule qui consiste à associer des termes qui ne vont pas ensemble ? »
Ce qui n’a pas échappé aux Belges, remarque-t-elle. Je la cite à nouveau : « Gaz de France va se marier avec Suez. La fusion entraîne la privatisation de fait de GDF. Une privatisation qui fait grincer les dents des partisans du service public, et qui s’accompagne paradoxalement d’une nationalisation… de l’électricité belge. Car Electrabel, le principal producteur d’électricité belge, déjà sous pavillon français dans Suez, sera désormais filiale d’un groupe où l’État français détiendra un peu plus de 30% du capital. On s’en chagrine et s’en inquiète en Belgique, où le journal Le Soir titre : « Sarkozy nationalise l’électricité belge », rappelant que les activités belges du groupe engendrent l’essentiel des bénéfices de Suez. »
Oxymore à la française, donc, qui n’a pas échappé non plus en son temps à l’ancien ministre de l’Economie de Gbagbo, actuel président de l’Assemblée nationale ivoirienne, Mamadou Koulibaly, qui notait, à propos des nationalisations Ouattara (cet ami personnel de Sarkozy et dont le « témoin » du « meurtre » de Kieffer est un militant de son parti) : « privatiser à Abidjan, cela peut signifier céder au secteur public français. Prenons le cas des Télécommunications. Il y a eu une compétition rude entre Américains, Asiatiques et Français. La veille du dépouillement des offres, le processus du marché fût stoppé. C’est finalement un contrat de gré à gré qui fût passé avec France Télécom. Voilà donc comment nous avons privatisé Côte d’Ivoire Télécom ! » (http://saoti.over-blog.com/article-12109623.html).
Voilà un certains nombre d’éléments qui expliquent en bonne part pourquoi, comme le remarque la journaliste Mahalia Nteby dans Le Courrier d’Abidjan, (http://www.lecourrierdabidjan.info/a_la_une.asp?id=15804), cette « réactualisation » de l’affaire Kieffer arrive à ce moment précis : « au moment où des négociations cruciales pour les intérêts de la nation ivoirienne arrivent à échéance, le gouvernement français ressort de ses cartons l’affaire Kieffer, le «journaliste» franco-canadien disparu et oublié, dont la France se souvient sporadiquement, quand ça l’arrange – de préférence à la veille de renégociations d’envergure –, et le Canada pas du tout »
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dimanche, 02 septembre 2007
Doudou Diène, rapporteur des Nations-Unies contre le racisme...
SUR LE DISCOURS DE SARKOZY
« Le silence des chefs d’Etat africains est étonnant ! »*
http://www.sudonline.sn/spip.php?article4991
Genève – «Pour Nicolas Sarkozy l’homme noir est attaché à la nature, il ne peut pas faire le saut quantique de la nature à la civilisation et il est resté collé à la nature. » Nicolas Sarkozy est venu à Dakar avec un discours révisionniste. On a appris que Mbeki a remercié Sarkozy pour sa prestation à Dakar. Le rapporteur des Nations-Unies contre le racisme, le Sénégalais Doudou Diène, interrogé sur sa lecture du discours de Nicolas Sarkozy partage l’opinion de beaucoup d’intellectuels africains qui demandent à Me Wade, actuellement en vacances en Suisse, de répondre à son homologue français. Encore qu’il court le bruit au niveau de la Diaspora noire que « les Sénégalais sont des traîtres ». Certains se demandant combien d’euros Me Wade a-t-il reçu pour laisser Sarkozy perpétrer à Dakar le crime contre l’Humanité pour reprendre l’expression de l’historien Mamadou Diouf de Columbia University. Des Africains étudient par ailleurs les modalités de saisine du Haut Commissariat aux Droits de l’Homme.
M. Diène, il est constant pour tout observateur averti que Nicolas Sarkozy à Dakar, a péché par ignorance, arrogance en se trompant dangereusement d’époque. Quelle est votre lecture de sa déclaration ?
« Ce n’est qu’une juxtaposition de textes différents avec des propos forts sur la culture africaine et sur l’homme africain. Deuxièmement, et le plus critique, c’est la posture politique. Comment comprendre qu’un homme d’Etat français puisse venir dire aux Africains ce qu’ils sont, ce qu’ils doivent faire. Sur ce point c’est au pouvoir politique de répondre à Nicolas Sarkozy. Cette réponse est attendue même après son départ. Le dernier élément, c’est la vision historique qu’a le Président français du Continent africain. M. Sarkozy pèche par ignorance. Il a dans sa vision historique de l’Afrique reproduit mot à mot les stéréotypes sur l’homme Noir qui a été décrit comme un être inférieur par des savants des Lumières pour légitimer l’esclavage et plus tard la colonisation. Et c’est de cette littérature qu’est née l’anthropologie du racisme anti-Noir en décrivant une absence de civilisation de l’Afrique et de l’homme Africain. Pour Nicolas Sarkozy l’homme noir est attaché à la nature, il ne peut pas faire le saut quantique de la nature à la civilisation et il est resté collé à la nature. C’est là une reproduction des vieilles constructions idéologiques qui ont été faites à l’encontre des autres peuples non-européens. Malgré tout ce qui a été fait par des scientifiques français comme africains à l’image du parrain de l’Université de Dakar Cheikh Anta Diop, que Nicolas Sarkozy a délibérément oublié dans son adresse à la jeunesse africaine. C’est un silence voulu. Un silence idéologique. »
Même quand il passe la pommade aux Africains, c’est pour mieux les rabaisser. Quand on connaît bien le débat en France, ne peut-on pas dire que Sarkozy ne s’adressait pas uniquement à la jeunesse africaine ?
« Ce discours exprime la montée de deux courants idéologiques en Occident. Premièrement, le courant du révisionnisme historique qui est en train de monter et qui a été illustré par le débat sur la « dimension positive de la colonisation ». Dans leur posture révisionniste des historiens essaient de démontrer que l’esclavage était l’œuvre même des victimes. Le deuxième courant propose une relecture ethnique des faits sociaux. Les tenants de ce courant suggèrent par exemple que l’immigration n’est plus un phénomène dont il faut avoir une lecture historique de tous les peuples mais exclusivement de peuples dont les valeurs culturelles ne sont pas en conformité avec la civilisation. Il s’agit d’intellectuels de renom comme le philosophe français Alain Finkielkraut ou l’académicienne Hélène Carrère d’Encausse qui avait considéré que la révolte des banlieues était liée à la polygamie. C’est un courant assez profond. Ce que dit Nicolas Sarkozy est donc une expression politique d’un courant idéologique profondément révisionniste. Cependant, on ne peut pas accuser Nicolas Sarkozy d’être raciste. Il ne l’est peut-être pas. Le problème se trouve en France même. C’est la crise identitaire que vit la République française. Le surgissement d’un courant avant-gardiste et révisionniste est lié à une certaine idée d’une Europe blanche et chrétienne. Ces vieilles constructions identitaires sont en contradiction avec la société européenne d’aujourd’hui. »
N’est ce pas le signe avant-coureur d’un tournant historique très profond ?
« Il y a aujourd’hui une interprétation ethnique qui veut valider le retard de l’Afrique en en faisant un Continent anhistorique. Pour ces occidentaux les immigrés constituent une menace. Une seule question à Nicolas Sarkozy comment interprète-t-il le fait que des milliers d’Africains se retrouvent dans les cimetières français ? N’étaient-ils pas appelés au nom de la « mère-patrie » pour défendre la Liberté et la Démocratie ? »
Partagez-vous l’idée que Me Abdoulaye Wade doit répondre à Me Nicolas Sarkozy ?
« Il y a une interpellation des hommes politiques africains par le fait qu’un homme politique français vienne chez eux leur apporter une relecture historique de leur histoire, de leur propre être et de l’histoire de la colonisation. Leur silence est étonnant ! Le Chef de l’Etat sénégalais devrait donner son point de vue. Dans un esprit de dialogue critique, courtois mais de fond. Ce dialogue critique-là est attendu par les peuples sénégalais et africain. Et ce n’est pas seulement le Président du Sénégal qui est interpellé. De même les intellectuels africains sont interpellés. Il est temps qu’il se réapproprie la connaissance et la réécriture de leur propre histoire. Quelles sont les recherches faites dans nos universités sur l’histoire de l’Afrique ? Quels sont les efforts des autorités politiques sur l’enseignement de l’histoire africaine ? De même les intellectuels français et européens sont interpellés dans ce débat. Quels sont les travaux récents qui ont été faits sur l’histoire de la France et de l’Afrique ? Ces intellectuels doivent se positionner sur l’histoire coloniale. C’est en définitive leur propre société multiculturelle qui les interpelle. »
Par El Hadji Gorgui Wade NDOYE, (ContinentPremier ONU – Genève)
* Il n'est pas chef d'Etat, mais notons la réponse d'un responsable africain : celle du Président de l'Assemblée nationale ivoirienne, Mamadou Koulibaly.
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vendredi, 31 août 2007
"Témoignage de Berté Seydou - Les doutes de l’épouse de Kieffer"
Le Courrier d'Abidjan — No: 1098 du Jeudi 30 Aout 2007 —
http://www.lecourrierdabidjan.info/a_la_une.asp?id=15717
par Sylvie Kouamé :
« L’opération médiatique de la «nébuleuse», consistant à présenter sur France 3 du «réchauffé» (c’est-à-dire le témoignage de Berté Seydou, disponible depuis plus d’un an) a-t-elle eu les effets escomptés? En tout cas, elle a suscité de la réserve chez de nombreux observateurs, y compris… Osange Silou-Kieffer, l’épouse antillaise de l’ancien journaliste de La Tribune.
Dans une interview au quotidien Nord-Sud, Mme Kieffer revient sur les «révélations» de France 3. Elle affirme ne pas avoir vu le reportage avant sa diffusion et admet que le témoignage de Berté Seydou est sujet à caution. «Je n’ai pas été informée du déplacement du journaliste de France 3. J’ai découvert ce reportage, cette interview en même temps que tous les Français qui étaient devant leur télévision jeudi soir. Ceci dit, si c’est un témoignage qui a été consigné il y a un an, ce n’est pas un témoignage qui a été rendu public. Le fait que France 3 le rende public, n’est pas une mauvaise chose. Qu’on identifie des lieux, qu’il explique ce qui s’est passé… même si, comme dit le procureur, ça peut être un témoignage qui peut être contesté, c’est un témoignage qui existe. Il y en a beaucoup de choses dans ce dossier qui sont encore plus contestables que le témoignage de M. Seydou et d’autres qui sont beaucoup plus crédibles. Ça fait partie d’un tout lié à l’enlèvement de Guy-André Kieffer.» Si l’on suit le raisonnement de Osange Silou-Kieffer, l’élémentaire devoir de prudence doit s’imposer à une presse française qui se fonde sur des pièces dont la crédibilité est relative pour accuser, de manière très légère, le président ivoirien.
Mme Kieffer, qui avoue au passage que ce que Berté a dit à France 3 est différent de ce qu’il a affirmé au juge Ramaël (au sujet de son statut de témoin oculaire ou de témoin de second rang) va plus loin et s’interroge lourdement – comme Le Courrier d’Abidjan, dès le lendemain de la diffusion de l’élément sur France 3 – sur le fait que Berté Seydou témoigne à visage découvert. «Moi la seule chose qui me gêne dans ce reportage, c’est que ce monsieur témoigne à visage découvert. Quand il avait pris contact avec moi, il avait dit qu’il ne voulait pas qu’on sache qui il était. Qu’il témoigne maintenant à visage découvert, je me suis dit soit il est inconscient, ou alors il est un témoin téléguidé, mais pourquoi ?» Une question se pose de toute façon : où se trouve aujourd’hui Berté Seydou ? En France, comme Jean-Tony Oulaï ? Interrogée sur ce que devient Tony Oulaï et sur son statut en France, Osange Silou-Kieffer avoue sa perplexité : «Je ne sais pas. Le juge me dit que Jean Tony Oulaï est placé sous contrôle judiciaire. Oulaï, lui, soutient qu’il ne l’est pas, puisqu’il a donné quelques interviews à quelques confrères en l’affirmant. Il est pour moi un peu dans ce dossier, comme l’arlésiennne. C’est quelqu’un qu’on voit partout. A l’heure qu’il est, je suis incapable de dire s’il a été un des exécutants premier des donneurs d’ordre, juste en dessous des commanditaires ? Est-ce qu’il a participé avec autant de force que le dit M. Seydou (…) ou est-ce qu’il s’agit de règlements de comptes entre les Ivoiriens ? Je ne sais pas.»
Décidément, le «scoop» de France 3 pose plus de questions qu’il n’apporte de réponses. »
Voir aussi, de Sylvie Kouamé :
http://www.lecourrierdabidjan.info/a_la_une.asp?id=15697.
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mardi, 28 août 2007
Affaire Kieffer - Procureur Tchimou : “Une nouvelle piste nous conduit en France”
Le Courrier d'Abidjan — No: 1095 du Lundi 27 Aout 2007 — http://www.lecourrierdabidjan.info/a_la_une.asp?id=15654
par Michelle Topé :
C’est sûrement dans le pays de Nicolas Sarkozy que se cache l’assassin (?) du journaliste franco-canadien Guy-André Kieffer. Dans une conférence de presse samedi dernier au parquet, le procureur de la République a révélé que l’enquête en vue de mettre le grappin sur celui ou ceux qui aurait (ent) attenté à la vie de Kieffer les mène tout droit en France. «Jusque là, nous avons exploité des pistes purement externes. Quand l’affaire a éclaté, tout le monde voyait la Présidence (…). Ça ne nous a rien donné pendant 3 ans. Il y a des pistes internes qui sont assez importantes pour nous aujourd’hui et qu’il y a lieu de prendre en compte. Pendant longtemps, les gens ont fait savoir que Guy-André Kieffer était venu en Côte d’Ivoire sur invitation du président de la République. Et nous avons suivi cette piste. Par la suite, nous nous sommes rendus compte que non! Il n’était pas venu en Côte d’Ivoire en tant que journaliste, mais plutôt en tant qu’un consultant d’une société bien déterminée qui a fonctionné pendant un certain temps ici en Côte d’Ivoire dans le domaine du négoce. Mais, sans vous donner trop de précisions, il n’ y avait pas une bonne ambiance dans cette structure. Elle a fini par disparaître. Chacun est parti de son côté. (…) Guy-André Kieffer avait-il des ennemis? J’ai demandé au juge d’instruction de faire faire une enquête de moralité sur la personne du disparu. Je pense que nous avons assez d’éléments. La nouvelle piste nous conduit en France. Nous allons l’exploiter mais ensemble avec nos collègues français», a développé Raymond Tchimou.
Pourquoi le témoignage de Berté Seydou ne fait pas avancer l’enquête
Visiblement étonné de la sortie de Berté Seydou sur la télévision publique française France 3, le procureur de la République s’est fait fort de réagir sans laisser une minute s’écouler. Arguments à l’appui, il a démonté le scénario présenté par le prétendu témoin oculaire de l’enlèvement de Kieffer.
«Son témoignage ne nous fait pas avancer», a fait remarquer le magistrat. Selon lui, il n’y a rien de nouveau sous le ciel même si le témoignage émeut plus d’un. Auditionné le 23 août, Seydou Berté rapportait les mêmes faits. Le seul nouvel aspect, c’est que, un an après, il devient un témoin oculaire. Sinon, tout ce qu’il a dit a déjà été exploité. «Dans le cas de cette procédure, tous les lieux et sites dont il fait mention dans le reportage ont été, en son temps, perquisitionnés par les juges français et ivoiriens en charge de ce dossier», a déclaré M. Tchimou qui met par ailleurs en doute l’histoire dite par M. Seydou. «Comment un chauffeur de taxi a pu être témoin d’un fait pareil ?», s’interroge-t-il, avant d’ajouter: «C’est tout de même un peu gros ce qu’il a dit». Selon ses explications, le nommé Berté Seydou n’était qu’un des chauffeurs d’un des taxis du présumé coupable, le capitaine Jean-Tony, ex-membre des Services spéciaux ivoiriens. N’étant pas le chauffeur personnel du capitaine, et donc n’étant pas à bord de la fameuse 4X4 avec laquelle le captif aurait été enlevé et conduit à la Présidence avant d’être conduit deux jours après dans une villa (Cocody-Angré) puis dans une ferme aux volailles (PK17) où il aurait été abattu, comment aurait-il pu assister à une quelconque exécution de Kieffer ? Question. «Ce genre d’individu profite de la crainte des parents pour les escroquer et s’enrichir. C’est donc une aubaine pour Berté Seydou d’empocher de l’argent car la famille du disparu a promis des récompenses à qui aiderait à trouver leur époux, père et frère», a répondu M. Tchimou.
En outre, Berté Seydou, en son temps, avait livré plusieurs versions des faits à la justice. Toutefois, le magistrat l’invite à mettre à la disposition de la justice les nouvelles pièces qu’il détient - si nouvelles pièces il y a - au lieu d’en faire un chou gras dans la presse.
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dimanche, 26 août 2007
Procureur Tchimou: “Le témoignage de Berthé Seydou est une affabulation”
Le Courrier d'Abidjan — samedi 25 août 2007 — http://www.lecourrierdabidjan.info/a_la_une.asp?id=15628
par Cyrille Djedjed :
"Le témoignage d’un homme affirmant avoir assisté à l’exécution de Guy André Kieffer, ce journaliste franco-canadien disparu en Côte d’Ivoire depuis trois ans, accuse nommément les autorités ivoiriennes. Berthé Seydou, dans un reportage diffusé jeudi dernier par la chaîne de télévision publique France 3, prétend que le journaliste aurait été enlevé par un commando, détenu deux jours à la Présidence, avant d’être abattu. Le «témoin» se présente comme le chauffeur du chef de ce commando, Jean Tony Oulaï, inculpé en France en 2006. «Ils l’ont envoyé à la ferme parce que c’est le lieu des exécutions… les exécutions se passaient à ce niveau. Oulaï a donné le signal par un pistolet, et deux éléments ont mitraillé André Kieffer», affirme Berthé Seydou.
Mais pour le procureur de la République Raymond Tchimou, il n’en est rien. Dans une interview à la radio française RTL, il a qualifié hier «d’affabulations» le témoignage de Berthé Seydou sur la disparition de Guy-André Kieffer. «En vue de rechercher la vérité, nous avons déjà vérifié cette piste. C’est de l’affabulation. Ça été une fausse piste. Quand il dit que André Kieffer a été arrêté, enlevé puis accompagné à la Présidence et qu’il est resté là-bas pendant deux jours avant qu’il soit assassiné, ce sont de fausses déclarations. Il n’y a aucune base réelle. Quel intérêt a le Président de la République ou la Présidence a à enlever un journaliste ? Jusqu’à aujourd’hui, le dossier que nous avons en main nous permet simplement de dire que l’individu a disparu. Jusque là, on parle d’assassinat, d’enlèvement, nous en tant que magistrat, nous avons besoin de preuves tangibles. Est-ce qu’il a été effectivement assassiné ? Il faut d’abord qu’on retrouve le corps», a déclaré Raymond Tchimou.
En d’autres termes, pour le procureur de la République, il ne s’agit pas d’un rebondissement dans cette affaire mais plutôt du réchauffé que les Français veulent proposer aux Ivoiriens et à l’opinion internationale. Le procureur de la République a par ailleurs annoncé au Courrier d’Abidjan qu’il donnerait une conférence de presse ce samedi à 10 heures au Parquet d’Abidjan.
Ce même jeudi, la femme et le frère du journaliste ont été reçus à l’Elysée par Nicolas Sarkozy. Le président français a assuré à Osange et Bernard Kieffer de la «priorité» de ce dossier pour l’Etat français. Nicolas Sarkozy s’est engagé à discuter du dossier avec le président ivoirien Laurent Gbagbo. Du côté de la présidence ivoirienne, aucune déclaration n’avait été encore rendue publique à l’heure où nous bouclions ce numero."
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vendredi, 24 août 2007
La voix de son maître
« Sarkozy prend l’affaire en main et décide d’entendre Gbagbo » annonce le journal ivoirien d’opposition Le Nouveau Réveil — vendredi 24 août 2007 — http://news.abidjan.net/h/262323.html — à propos de l’affaire Kieffer !
Imaginons qu’un journal français ait titré pour une affaire similaire, ou pour une affaire pire — celle du Rainbow Warrior par exemple, ou le gouvernement français était effectivement coupable d’un attentat qui avait coûté la vie à un journaliste — ; imaginons qu’un journal français ait annoncé en titre d’article : « le président néo-zélandais David Lange décide d’entendre Mitterrand » !
Il suffit d’imaginer la stupeur des lecteurs français pour avoir une idée de l’étrangeté du titre du Nouveau Réveil !… Sarkozy habilité à « entendre » Gabgbo : le ton paternaliste du discours de Dakar serait donc légitime ?!…
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mercredi, 15 août 2007
Lu sur le site de Greenpeace: «Accord atomique Franco-Lybien : La France irresponsable»
Lu sur le site de Greenpeace
26 juillet 2007
Paris, France — Le 26/07/07 - Greenpeace dénonce fermement l'accord de coopération atomique entre la France et la Libye et la vente d'un réacteur nucléaire au pays dirigé par le colonel Kadhafi. Cet accord pose un énorme problème de prolifération nucléaire et se situe dans la droite ligne de la politique française d'exportation irresponsable de sa technologie nucléaire.
« Officiellement, le réacteur vendu à la Libye aurait pour but de dessaler l'eau de mer pour l'alimentation du pays en eau douce. De qui se moque t-on ? La motivation profonde des Etats à accéder au nucléaire a toujours été un enjeu de pouvoir comme l'a encore récemment montrer le Brésil à travers le discours du Président Lula annonçant il y a 15 jours la relance du nucléaire dans son pays : « [Avec le nucléaire] je pense que nous allons être beaucoup plus considérés, comme nation, comme la puissance que nous voulons être » » s'indigne Frédéric Marillier, chargé de la campagne énergie à Greenpeace.
Prolifération nucléaire
Greenpeace s'alarme du début de relance du nucléaire au niveau mondial qui pose une difficulté majeure en termes de prolifération nucléaire. Les exemples pakistanais et indiens détenteurs de la bombe nucléaire – ou plus récemment nord-coréen et iranien – illustrent ce risque lié au développement du nucléaire. La longue liste des pays souhaitant aujourd'hui accéder à cette technologie(1) montre l'ampleur du bouleversement en terme de sécurité mondiale que représentera une généralisation accrue du nucléaire et l'impossibilité de contrôles internationaux déjà problématiques actuellement(2).
La diplomatie atomique française
Après Giscard d'Estaing et Chirac qui avaient conclu des accords avec l'Iran du Shah, l'Irak de Saddam Hussein, ou encore l'Afrique du Sud de l'Apartheid, c'est au tour du gouvernement Sarkozyste de se lancer dans la dissémination nucléaire.
« A travers cet accord, ce sont les vieux démons de la diplomatie atomique française qui resurgissent » déclare Frédéric Marillier, chargé de campagne nucléaire à Greenpeace France. « Pour bien positionner la France dans la course aux ressources naturelles de la Libye, pétrole et gaz en tête, on troque du nucléaire sans se préoccuper de la sécurité mondiale. »
Enfin, Greenpeace fustige les propos de Claude Guéant qualifiant le nucléaire « d'énergie renouvelable ». « Nous aurons à cœur, notamment dans le cadre du Grenelle de l'environnement, de rappeler au gouvernement que le nucléaire est un risque majeur pour l'environnement et la santé et une pollution irréversible notamment à travers ces déchets ingérables » conclut Frédéric Marillier.
Areva a besoin d'uranium
La Lybie l'ancien Etat-voyou, incarnation jadis du terrorisme d'Etat, est redevenu fréquentable. Mieux, il est, affirmait récemment le porte-parole de l'Elysée, un « partenaire stratégique » de la France notamment quand Areva a besoin d'uranium. Selon le journal « Le Monde », le président français a signalé qu'"un deuxième projet" était actuellement en cours, "la recherche avec les Libyens pour savoir s'il y a des ressources en uranium en Libye". "On en a trouvé au Niger [Petit oubli de Greenpeace concernant cet autre aspect des relations franco-nigéro-lybiennes ?]. Le contexte géologique est le même. Areva a besoin d'uranium", a-t-il ajouté, estimant les stocks d'uranium libyens actuels à plus de 1 600 tonnes. Selon Claude Guéant, secrétaire général de l'Elysée, des ingénieurs d'Areva ont déjà procédé à "un premier repérage (...) il y a trois semaines ou un mois pour étudier exactement la faisabilité de l'opération". "Pour les centrales nucléaires, il n'y a pas cinquante constructeurs en France, il n'y en a qu'un seul, Areva", a ajouté M. Guéant. Un porte-parole du groupe nucléaire français a confirmé qu'il avait bien été sollicité. Un programme franco-libyen de recherche et de prospection dans le sud du pays va être lancé.
(1) Algérie, Azerbaïdjan, Bangladesh, Biélorussie, Chili, Egypte, Géorgie, Ghana, Indonésie, Iran, Jordanie, Kazakhstan, Malaisie, Maroc, Namibie, Syrie, Thaïlande, Tunisie, Turquie, Venezuela, Vietnam, Yémen, etc.
(2) « Une renaissance mondiale du nucléaire (...) dépasserait totalement les capacités de l'Agence internationale de l'énergie atomique à surveiller les puissances nucléaires » estime une étude du cercle de réflexion Oxford Research Group.
Suite de l’accord atomique Franco-Lybien : Selon Bernard Kouchner, la fourniture d'un réacteur à Tripoli est une "hypothèse". Jusqu’où ira l’irresponsabilité française ?
Par Greenpeace France, mardi 31 juillet 2007 à 18:17.
PARIS, 31 juil 2007 (information AFP) -Le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a estimé ce mardi que la livraison par la France d'un réacteur nucléaire à la Libye n'était encore qu'une "hypothèse". Greenpeace est effaré de constater le manque de sérieux et de préparation du gouvernement français sur des dossiers aussi sensibles que le nucléaire. Jusqu’où ira leur irresponsabilité ?
« Nicolas Sarkozy est certes un « champion » de la communication à tout va mais sur un dossier aussi complexe que le nucléaire ça fait froid dans le dos de constater que l’Elysée n’a aucune notion de la dangerosité et des conséquences d’un tel accord avec un pays comme la Libye » s’indigne Fréderic Marillier chargé de la campagne énergie de Greenpeace.
« Le ministre des affaires étrangères fait marche arrière et contredit les déclarations de l’Elysée. Nous exigeons donc du gouvernement qu’il annule officiellement la livraison du réacteur nucléaire à la Libye et que dorénavant, tout projet d’accord de coopération sur le nucléaire soit rendu public et discuté au minima par le parlement » rajoute Fréderic Marillier.
Ci-dessous la dépêche AFP : "Il y a eu des grincements (en Allemagne) en particulier parce qu'on a évoqué l'hypothèse, qui n'est pas du tout avérée", de la fourniture d'un réacteur à la Libye, lors du voyage du président Nicolas Sarkozy à Tripoli mercredi dernier, a déclaré M. Kouchner à l'issue d'une audition devant la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale. M. Kouchner a insisté devant la presse sur le fait que le document signé lors de ce voyage n'était "pas un protocole", mais un simple "mémorandum d'engagement, un cadre éventuel" pour un "éventuel réacteur nucléaire". "Je vous rappelle que c'est pour désaliniser l'eau de mer, ce n'est pas pour faire la guerre, et que c'est contrôlé complètement", en particulier par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), "si cela se fait, et il n'est pas sûr que ça se fasse (...) personne n'en sait rien", a-t-il dit.
"Il n'y a pas eu de rapport entre la firme qui pourrait le faire et la Libye, donc c'est une perspective", a poursuivi M. Kouchner. Le chef de la diplomatie française a reconnu "qu'en Allemagne en effet on a protesté", et indiqué qu'il avait parlé lundi au téléphone avec son homologue allemand Frank-Walter Steinmeier. "Il y a des décisions qui ne font pas plaisir", a-t-il ajouté, interrogé sur les critiques allemandes. L'accord nucléaire franco-libyen, signé dans la foulée de la libération des infirmières et du médecin bulgares détenues en Libye, a suscité de vives critiques en Allemagne, dans la quasi-totalité de la classe politique comme dans la presse. En France, l'opposition de gauche et les écologistes ont émis des critiques identiques. Il est notamment reproché à cet accord de ne pas avoir fait l'objet d'une concertation européenne et d'aggraver les risques de prolifération du nucléaire à usage militaire.
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lundi, 06 août 2007
Une lecture burkinabè du discours de Dakar
San Finna N° 424 du 30 Juillet au 05 Août 2007 —
http://www.sanfinna.com/ARCHIVES/Archives424/CoalitionIra... :
par VT :
« PREMIERE TOURNEE AFRICAINE DU PRESIDENT SARKOZY
UN AFFRONT A L’AFRIQUE ET UNE RUPTURE QUI FAIT "PSCHITT"
Le premier contact du candidat Sarkozy avec l’Afrique a été plutôt tumultueux. Mais en panachant -au contact des réalités- son discours sur l’immigration choisie avec une forte dose de rupture avec les réseaux et autres officines de la Françafrique, il avait su, à défaut de susciter l’engouement à son endroit, se faire concéder une sorte de bénéfice du doute. Mais sa sortie sur le continent en tant que président, qui devait donner l’occasion d’officialiser les principes de ce nouveau partenariat avec l’Afrique, n’a pas comblé tous les espoirs attendus.
Le ton était déjà donné avec l’inscription de la Libye comme première étape de sa tournée.
Tripoli l’a confondu en mettant à nu son empressement à toucher des dividendes économiques d’une immixtion dans le dossier des soignants bulgares et à capitaliser indûment des plus-values de prestige diplomatique et médiatique. Pour ce faire, le président français n’aura pas hésité à avaler des couleuvres avec un Kadhafi qui n’a même pas daigné se déplacer à l’aéroport pour le recevoir et un accueil qui dans l’ensemble a été plutôt hautain et frisquet.
Pour ne pas arranger les choses, il retrouvera à son retour des opinions plutôt remontées contre lui car en passant contrat sur le nucléaire civil avec le fantasque Kadhafi, il est apparu aux yeux des écologistes et de certains partenaires comme un opportuniste qui joue avec le feu et qui est parti, dit-on déjà dans ces cercles, pour surclasser George Bush dans l’ aveuglement politique.
Au Sénégal, où l’on s’attendait à une espèce de discours sinon de Bayeux ou de Brazzaville, à tout le moins de La Baule, Nicolas Sarkozy, à part l’engagement à aider le Sénégal pour la tenue du procès Hissène Habré, n’a pas fait fort.
L’ INJURE MONUMENTALE A L’AFRIQUE
Il a choisi, dans une démarche inqualifiable, d’aller à Dakar pour blesser dans leur âme, les Africains, en mettant à la limite de l’eau au moulin au discours sur l’inégalité des races. Jugez-en par ses propos tenus à l’Université Cheick Anta Diop : « Le paysan africain ne connaît que l'éternel recommencement du temps, rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et de mêmes paroles. Dans cet imaginaire où tout recommence toujours, il n'y a de place ni pour l'aventure humaine, ni pour l'idée de progrès". Mais, sous prétexte d’asséner des vérités en France comme en Afrique, il va incroyablement plus loin et verse dans l’injure : "Le drame de l'Afrique, c'est que l'homme africain n'est pas assez entré dans l'Histoire. Jamais il ne s'élance vers l'avenir, jamais il ne lui vient à l'idée de sortir de la répétition pour s'inventer un destin". C’est terrible. Même Jean-Marie Le Pen, au fond, n’est pas allé aussi loin. Si pour l’ universitaire gabonais A. Bissiélo, interviewé par RFI le 28 juillet dernier, le propos était « décalé, anachronique », à la limite du « négationnisme », Alpha Oumar Konaré pour sa part, aura, avec les mots tranchants qu’on lui connaît, fustigé cette appréciation outrageante sur les Africains et avoué avec tristesse, s’agissant des perceptions que Nicolas Sarkozy a de son nouveau partenariat avec l’Afrique, que ce n’est pas « exactement le genre de rupture qu’on aurait espéré ».
Avec un tel jugement définitif, que fait Sarkozy de la dynastie des Pharaons noirs qui, du 18 ème au 17 ème siècle avant Jésus Christ, a régné sur l’Egypte et la Nubie réunifiées ? Où met-il Musa, ce Sultan de l’empire malien qui, avant Christophe Colomb, a expédié une centaine de navires jusqu’aux Amériques ? Que dit-il de l’empire du Monomotapa ? Que fait-il de El hadj Omar, considéré à l’époque de ses pèlerinages à la Mecque, comme l’un des monarques les plus puissants du monde ? Que retient-il du rayonnement mondial de Tombouctou au Moyen-âge et quel jugement porte-t-il par rapport aux Chaka Zoulou, Samory Touré…. ? Tous ces hommes et tous ces témoignages de vitalité, d’imagination, de projection dans l’avenir, sont-ils le reflet d’une momification de l’esprit africain dans le rituel et le passé ? Il y a là de la part de ce « quinqua », né après la seconde guerre mondiale, plus qu’un manque de tact, une méconnaissance du temps qui passe et des réalités socio-économiques d’une Afrique fortement urbanisée et dont les fils, majoritairement de souche paysanne, se distinguent dans les filières de pointe au point de constituer un capital appréciable qui ne lui a pas échappé à travers sa politique d’immigration choisie.
LA PROFESSION NEGATIONNISTE
Nicolas Sarkozy était décidément en verve. Au sujet de la colonisation française, décomplexé, il dévalue le rôle de la France, se refuse à la repentance et demande au contraire d’admettre un partage de responsabilités entre la France et l’Afrique avant de tourner la page. Certes, on peut accepter que les rois nègres, à travers le commerce triangulaire et que certains valets, après la période coloniale, ont participé et continuent de participer à la curée du continent, à ses souffrances, mais sans perdre pour autant le sens du juste partage des responsabilités. Que fait en effet le président français de la perpétuation de l’exploitation du continent à travers le système néo-colonial, les réseaux de la Françafrique, comptables du pillage de l’Afrique et de ses meurtrissures par des coups d’Etat et autres rébellions ? Où a-t-il mis le rôle des multinationales comme Elf, Areva.., la participation suspectée de son pays au génocide rwandais, aux déstabilisations en RDC, au Congo… ? Quid des massacres de civils ivoiriens aux mains nues par l’armée française ?
Mais là où cependant, on peut être d’accord avec le président français, c’est lorsque, s’adressant aux jeunes d’Afrique, il les interpelle en ces termes : « Si vous voulez la liberté », la démocratie », si vous voulez sortir de "l'arbitraire", de "la corruption", de "la violence", du "parasitisme" et du "clientélisme", et mériter l’aide de la France, c'est à vous "de le décider". Ici, Nicolas Sarkozy met le doigt sur la nécessité qui revient aux peuples d’Afrique de battre en brèche ce cliché qui veut qu’ils soient des peuples mineurs, ayant vocation à se complaire dans l’assujettissement.
Mais pour être totalement cohérent avec son propos, il aurait dû éviter, dans le même temps qu’il met les jeunes africains au défi de prendre si ouvertement partie pour les dictateurs africains car de la Libye jusqu’au Gabon en passant par le Sénégal, c’est bien ce qu’il a fait, et parfois à la limite de la provocation gratuite.
LA RUPTURE RENIEE ?
A Tripoli, il est venu faire ses dévotions à Kadhafi qui l’ a remercié en le regardant de haut. A Dakar, pour flatter l’ « ego » de Wade, il s’est transformé en élève, allant jusqu’à accepter cette repentance qui l’horripile tant puisqu’il avoue son erreur par rapport à l’immigration choisie et rend grâce au président sénégalais de l’avoir ramener sur terre en l’éclairant.
Cette attitude louangeuse envers les chefs d’Etat qui sont loin de passer pour des parangons de vertu démocratique, il l’a également eue par rapport à Omar Bongo. A Libreville il n’a pas hésité à rendre hommage au « rôle du président » dont il rappelle qu’il est le « doyen des chefs d’Etats africains » et pour lequel il précise qu’ « en Afrique, le doyen, cela compte ». Mais là où les bras nous en tombent, c’est quand, revêtant sa robe d’avocat, il affirme, s’agissant du Gabon : «Je ne pense pas que ce soit le pays qui ait le plus à rougir du point de vue de la démocratie interne ».
Cette sortie africaine, pour dire vrai, a révélé un visage insoupçonné de Nicolas Sarkozy, et ses propos des plus vexatoires pour les Africains n’ ont pas encore fini de développer leur onde. Mais le comble dans tout cela, c’est que ses reniements, en renforçant inutilement des hommes comme Kadhafi, Wade et Bongo, ont pour conséquence de dresser contre lui des centaines de millions d’Africains. En prenant partie pour ces dirigeants prébendaires vissés au pouvoir et dévalués dans l’opinion, il s’est rapetissé.
Tout cela fait mal au cœur à tous ceux qui se sont mépris sur l’homme. La rupture a-t-elle fait long feu ? Il faut attendre de voir venir, opter de mettre sous le coup d’un faux pas, ces égarements en espérant qu’à l’occasion de sa seconde tournée en Afrique noire, prévue pour la rentrée, il rattrape le coup. Si alors cela ne se faisait pas, il aurait définitivement pris le parti de provoquer entre lui et l’Afrique utile, celle de la jeunesse et de l’avenir, une véritable rupture. »
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